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26 MAI : DE RUTENG À BAJAWA (FLORES)
Nous partons ce matin pour Bajawa, à environ 140 km de Ruteng. Les adieux avec la famille du homestay sont émouvants, la maman nous demande de faire un selfie et de lui envoyer. Jacques va devoir encore pratiquer sa technique pour les selfies...
Sortie de Ruteng
Heureusement, le soleil, frileux aussi ce matin, pointe son nez et nous réchauffe un peu. Nous arrêtons prendre un rafraîchissement et des chips indonésiennes au bord de la route. Le paysage est magnifique!
Nous approchons de notre destination et la dernière partie du voyage est aussi la plus étourdissante, même Google Maps n'arrive plus à suivre!
Nous arrivons enfin à notre logement, le Wokokoro Homestay, qui comprend 2 chambres, mais que nous serons les seuls à occuper ce soir.
Le restaurant du homestay à gauche et notre logis à droite
Le salon et la terrasse communes
Nous découvrons avec stupéfaction que le homestay a été construit et est géré par un Québécois qui habite toujours en Indonésie, mais dans une autre ville de Flores
Un beau spot pour être enterré, dans la montagne, face à la mer...
Le paysage est hallucinant. Derrière les nuages se cache le volcan Inerie, haut de 2200 mètres et accessible seulement aux randonneurs aguerris dont nous ne faisons pas partie.
Le sentier sur la crête. À gauche, les montagnes et le volcan...
...et à droite la mer et d'autres montagnes
Au bout du sentier, nous rencontrons madame la vache et une petite fille qui nous salue timidement de loin. Leur maison ne doit pas être loin.
Bon, une clôture rustique avec une porte (ouverte), une vache, une petite fille et, finalement, une plantation d'arbustes qui portent de grosses fèves, tout nous indique que nous venons d'arriver probablement sur le terrain de quelqu'un, mais le bout du sentier n'est pas loin, aussi nous jouons les touristes innocents et effrontés, et nous continuons à marcher les 100 derniers mètres avant que le sentier commence à descendre abruptement vers la vallée.
Nous revenons donc sur nos pas et reprenons le sentier principal, pour découvrir au bout la récompense imprévue du randonneur : un beau petit banc sur une butte qui domine le plus beau des paysages!
Jacques s'approche très très prudemment du bord pour regarder en bas. Ouuuuh, c'est très bas et très à pic!
Notre balade
Jacques s'achète la bière dont il rêvait depuis le début du voyage. Il ne se vend que des grosses bières, on dirait, et il n'avait pas de frigo pour en garder une partie pour le lendemain, mais là, on a un frigo!
Notre route aujourd'hui : 114 km, 4h28
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27 MAI : BAJAWA (FLORES)
Journée remplie d'émotions et de découvertes! On a eu l'impression de reculer des centaines d'années en arrière, c'était complètement surréaliste!
Au programme aujourd'hui, visite, entre autres, d'un village traditionnel, Bena, qui existerait depuis 1200 ans. Pour en savoir plus : https://www.voyagez-moi.com/bena-village-megalithique-a-flores-et-plus-dure-sera-la-chute
Dès notre arrivée, nous stationnons les motos dans un stationnement à une cinquantaine de mètres de l'entrée du village, sur une place où s'élèvent quelques maisons traditionnelles qui font aussi partie du village, et nous saluons une dame qui nous sourit du pas de sa porte.
Elle nous propose un café, nous invite à nous asseoir avec elle, on jase (elle parle bien anglais), et elle nous dit après une vingtaine de minutes qu'elle est la seule guide locale parlant anglais et habitant au village. Évidemment, nous lui proposons de nous accompagner et elle accepte.
Mâchoires de buffles et autres ossements non-identifiés qui ornent le seuil de sa maison
Cornes de buffle à droite sur le coin de sa maison et tombe de sa grand-mère, sur le côté. Nous voyons souvent des tombes autour des maisons depuis le début de notre voyage.
Nous commençons la visite du village. Celui-ci est partagé par 9 clans, et chaque maison a aussi un parasol et une petite cabane pour les cérémonies funéraires et autres.
Tout le centre du village, entre les maisons, est en réalité un cimetière. Certaines tombes sont apparentes, d'autres non, et le cimetière date du début de la création du village il y a plus de 1000 ans et les villageois continuent à y enterrer leurs morts. Sur la photo, on voit le parasol et la petite cabane en arrière-plan dont je parlais précédemment.
Lors de la construction du parasol funéraire, le socle est creux et on y enferme vivants des poulets rouges, des cochons sauvages rouges et des chiens rouges (le rouge symbolisant la force). On les entend hurler pendant des jours et des semaines, et cela peut prendre un mois avant que plus aucun bruit ne s'élève. J'ai un peu mal au coeur là là.
Ensuite, lors des cérémonies funéraires ou d'autres cérémonies, on tue un buffle fourni par la famille du défunt et on badigeonne le poteau du parasol de son sang. Son crâne est gardé par la famille du défunt ensuite (et accroché sur le seuil de la maison).
Un monument funéraire. Les grandes pierres plates servent à poser des offrandes.
Grains de café qui seront ensuite écossés et moulus
Notre guide, devant une des maisons, nous explique que l'odeur infecte que l'on sent est due au fait qu'il y a eu une cérémonie funéraire il y a 2 jours et que le sang du buffle sur le sol dégage cette odeur nauséabonde. Il y a peut-être aussi le fait que la malheureuse mère de famille qui est décédée n'a pas encore été enterrée et est quelque part derrière la maison (je n'ai pas trop compris où et j'ai préféré ne pas investiguer).
Le sang du buffle sur le sol
Une des petites maisons où ont lieu des cérémonies et gousses de vanille qui sèchent devant (ça, ça sent bon!!)
On voit les tombes apparentes un peu partout. Plus le monument est gros, plus cela signifie que la famille est de haute caste. Un homme de basse caste qui voudrait marier une femme de haute caste devra fournir 3 buffles lors de 3 étapes cérémoniales et tant pis s'il ne peut pas le faire.
Des "candle nuts" en train de sécher. Ce sont des noix utilisées pour leur huile et non pour manger.
Au bout du village, on peut monter sur un promontoire où est installée aussi une statue de la Vierge (je ne sais pas ce qu'elle pense de tous ces rites ancestraux!) et on peut admirer le paysage autour du village.
La grosseur de ce monticule funéraire indique le top par rapport à la caste du clan et la guide nous indique fièrement que c'est celui de son clan.
Le volcan qui était ennuagé se déshabille un peu. Il surplombe (et protège, selon les villageois) le village.
Note : Le betel est une feuille que l'on chique avec une noix d'arec. Cela a de nombreux effets nocifs sur la santé, surtout que ça crée souvent une dépendance. Je la connaissais parce qu'on en voit souvent dans des films ou dans des reportages. Sur la photo, notre guide transporte son petit kit de betel dans son petit sac (feuilles de betel et noix en poudre - elle met la poudre dans la feuille, roule la feuille en petite boule et la mâche comme de la gomme. Elle se servait aussi des feuilles comme de monnaie d'échange quand nous allions parler aux habitants des maisons (pour les remercier)
Notre guide nous invite ensuite pour le dîner. À côté de sa maison, le bâtiment gris est sa cuisine et le bleu est la toilette.
La cuisine
De la viande de cochon sauvage que son mari va chasser à la machette dans la jungle environnante (je vous jure, j'ai l'impression d'avoir été transportée dans un autre monde et une autre époque!). Elle la fait fumer et sécher au-dessus du feu de cuisson pour ensuite l'envoyer à son fils qui étudie sur une autre île.
Cuisson des légumes (feuilles de la plante du cacao et gingembre)
Jacques pratique son activité préférée en attendant
En plus des légumes et du riz, on a du poisson. Jacques prend la tête...
...et moi la queue
Après le repas, nous payons notre guide et notre repas (environ 20$ pour le tout), elle nous présente les bracelets qu'elle a tressés, nous offre de nous en choisir un et le finalise avant de nous le mettre fièrement au poignet. Merci, Emily, nous ne t'oublierons jamais, toi et ton village!
Le volcan timide
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